Christiane Plessix-Buisset, première et seule doyenne de la faculté est décédée à l'âge de 79 ans.

Historienne du droit breton, le Professeur et Doyen Christiane Plessix-Buisset s'est éteinte à l'âge de 79 ans.

Évoquer Christiane Plessix-Buisset, pour celles et ceux qui l’ont connue dans son cadre professionnel, c’est d’abord évoquer un sourire. Il est admirable de lire, chez la plupart de ceux qui ont réagi à sa maladie ou son décès, que Christiane signifiait le sourire, la bienveillance, le sourire, l’accueil, encore le sourire, la gentillesse et toujours le sourire. Professeur ou doyen, son sourire était à la fois une marque de bienvenue et une marque d’autorité. Chacun, chacune se savait accueilli, écouté, compris ; chose très importante pour elle car, durant ses années de responsabilité, on ne l’aura jamais vue prendre une décision sans avoir pris le conseil et l’avis d’une multitude de collègues.

Une grande dame de l'histoire du droit

Évoquer Christiane Plessix-Buisset, c’est aussi parler d’une grande dame de l’histoire du droit. Grande, tout d’abord, par sa thèse puisqu’elle a été la première à se plonger dans les archives criminelles du Parlement de Bretagne qui attendaient sagement dans les combles du palais avant d’être transférées dans les dépôts des Archives départementales. Formée à la paléographie (la pire, celle du XVIIe siècle), habitée par les grands enjeux de l’histoire criminelle d’Ancien Régime, elle a produit une thèse qui a fait date. Elle a montré que loin d’être un pauvre laissé pour compte, soumis à l’arbitraire des juges, l’accusé du XVIIe siècle maîtrisait parfaitement ses moyens de défense et savait se défendre pied à pied face à des juges dont l’éthique et les pratiques locales étaient elles-mêmes soumises à l’appel hiérarchique devant les magistrats du Parlement de Bretagne. Christiane Plessix-Buisset disait souvent que sa thèse avait fait sa carrière. Grande, ensuite, par sa stature au sein des sociétés savantes bretonnes, au sein de l’association des historiens du droit, au sein du Conseil national des Universités. Grande, enfin, par le rôle de conseil qu’elle a joué jusqu’à ses toutes dernières années auprès des étudiants en doctorat qui l’appelaient affectueusement leur grand-mère de l’histoire du droit. Jusqu’au confinement, elle a accompagné aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine les étudiants de L3 pour les aider à déchiffrer des dossiers criminels du XVIIIe siècle.

 

Son amour pour sa faculté de droit

Évoquer Christiane Plessix-Buisset, c’est encore et surtout souligner son amour pour sa faculté de droit ; une faculté, dont elle a été le doyen de 2000 à 2005 ; une faculté qu’elle a représentée, qu’elle a défendue, qu’elle a toujours associé étroitement à la magistrature, au notariat et au barreau. Les avocats étaient ses chouchous, elle qui était la fille de Me Plessix, batônnier du barreau de Saint-Brieuc, elle qui avait intégré la faculté en pensant à reprendre le cabinet familial. A propos de sa faculté, elle savait faire rire aux larmes ses amis lorsqu’elle évoquait ses années étudiantes parmi de vieux professeurs qui arrivaient à l’université à l’arrière de vespa conduites par des étudiants dument réquisitionnés, puis qui dictaient leur courrier pendant qu’un étudiant ou une étudiante lisait l’ouvrage du professeur au reste de la promotion, ou qui faisaient fermer à clef tous les accès à l’amphi 1 ou 6 lorsque des étudiants chahuteurs y pénétraient pour lancer des invectives ou lâcher toutes sortes d’animaux : poules, chiens, petit cochon de lait…

A l’Université de Rennes, on ne pourra jamais évoquer la faculté de droit sans se remémorer le doyen Christiane Plessix-Buisset.